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「昭和俳句弾圧事件記念碑の会」のブログを始めます。

今日、現在計画中の
「昭和俳句弾圧事件記念碑」建立事業の
ブログを始めます。

ちょうど77年前、
1940年2月14日に始まった
「昭和俳句弾圧事件」を風化させないように、
平和・言論の自由・民主主義のシンボルとなりうる
記念碑の建立を目指して、
皆様と手をつないで頑張っていきたいと思います。

よろしくお願い致します。

「昭和俳句弾圧事件記念碑の会」事務局

※ 今日は、2016/11/16付の「信濃毎日新聞」の記事と2017/1/5付の「北海道新聞」の記事を添付します。両記事の最後のところ、記念碑計画について書いて頂きました。
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(以下、両記事の仏訳)
(Below, translation in french of the two articles)

Traduction en francais des deux articles dans des quotidiens japonais : HOKKAIDO SHIMBUN (5/1/2017) puis SHINANO MAINICHI SHIMBUN (16/10/2016)

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Des œuvres de résistance au totalitarisme, résonnant comme un encouragement pour le monde entier...
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Un recueil de haïkus des poètes persécutés, rassemblés en un volume par un haïjin français.
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Un recueil rassemblant les haïkus des poètes persécutés avant la guerre, sous couvert de ladite “Loi pour la préservation de la paix”, publié en octobre dernier simmultanément en France et au Japon, est l'objet d'une grande attention depuis sa parution. Il s'agit des “Haïkus de la résistance japonaise”, rassemblés par Seegan Mabesoone (48 ans), lui-même poète de haïku et comparatiste français vivant à Nagano. M. Mabesoone estime que “le fait qu'il y eut des poètes de haïkus s'opposant au totalitarisme nous donne du courage aujourd'hui”, alors que le nationalisme réapparaît partout dans le monde entier.
Lesdits “incidents de persécution du haïku” eurent lieu entre 1940 et 1943. Ils avaient pour but de réprimer la liberté d'expression des poètes et des éditeurs de revues. Selon les spécialistes, dont M. Mabesoone, 44 poètes professionels ou poètes-travailleurs furent arrêtés par la police spéciale “Tokkō”, par vagues successives à travers tout le pays, à commencer par les premières rafles à l'université de Kyoto. 13 d'entre eux purgèrent des peines de prison ferme.
Le recueil présente 72 haïkus (avec des traductions en français) de 18 poètes représentatifs. Parmi eux, Genji HOSAYA, qui fut ensuite responsable des pages haïkus de notre journal (Hokkaidō Shimbun) et le fondateur du groupe “Hyogentai”, mais aussi Hakusen WATANABE, qui finit la guerre comme soldat appelé dans la Marine à Hakodate:

英霊をかざりぺたんと座る寡婦
Eirei wo Kazari petanto Suwaru kafu

Elle accroche le cadre « Mort pour la patrie »,
Puis tombe accroupie.
La veuve.
(1939) Genji HOSOYA


戦争が廊下の奥に立つてゐた
Sensō ga Rōka no oku ni Tatte ita

La guerre
Était bien là debout
Au bout du couloir.
(1939) Hakusen WATANABE

Mabesoone a été formé à l'université de Paris et à l'université Waseda de Tokyo en tant que spécialiste du poète KOBAYASHI Issa. À l'occasion de la catastrophe nucléaire de Fukushima, il a publié plusieurs recueils de haikus qui s'opposaient à l'industrie nucléaire, puis, aussitôt, il a remarqué que diverses revues ne lui demandaient plus d'articles. Il a ressenti alors “un retour de la répression contre la liberté d'expression”. En étudiant les haïkus censurés autrefois, mais aussi les œuvres qui étaient, a contrario, promilitaristes ˗ lesdits “haïkus de la Guerre Sainte”, il a eu le sentiment qu'“il y a toujours au Japon une tendance regrettable à ne pas vouloir se tourner vers les erreurs du passé, que ce soit dans le domaine du nucléaire ou en ce qui concerne la Seconde guerre mondiale”. Et ceci le poussa à travailler à ce recueil.
Les 300 exemplaires envoyés de Paris pour le Japon ont tous été vendus, et l'éditeur parisien est en train de lancer un second tirage. Mabesoone déclare qu'”il y a un intérêt certain pour les haïkus en France, et pas seulement pour les haïkus de l'école Kachōfūei (qui traitent principalement des fleurs et des oiseaux), mais aussi pour la nouveauté que représentent les haïkus sur des sujets de société. Ainsi, l'esprit de résistance de ces poètes, un siècle plus tard, nous donne du courage à tous, car nous sommes aussi les survivants de cette époque.”
Mabesoone travaille en ce moment à un projet d'érection de monument à la mémoire des poètes de haïku persécutés. La cérémonie de présentation du monument est prévue pour le 14 février 2020, qui correspond au 80ème anniversaire de la première rafle. Le maître de haïku Tōta KANEKO (97 ans), qui a connu cette époque, a accepté d'être le commanditaire principal du monument.
Le recueil est disponible au prix de 2000 yens, port compris. S'adresser à M. Mabesoone, mabesoon@avis.ne.jp

(bureau de Tokyo du Hokkaido Shimbun, Shigeyuki IWAMOTO)


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" LA LUMIÈRE SUR LES POÈTES DE HAÏKU
QUI S'OPPOSÈRENT AU MILITARISME "

SEEGAN MABESOONE PUBLIE “HAÏKUS DE LA RÉSISTANCE JAPONAISE”

Au Japon aussi, un mouvement de résistance a existé. Seegan MABESOONE (48 ans, poète de haïku et comparatiste habitant à Nagano-ville) vient de publier les “Haïkus de la résistance japonaise”. Cet ouvrage met en lumière l'existence des haïjins persécutés dans les années 1940, ces poètes qui osèrent critiquer ou parodier le militarisme d'alors. Selon ses mots : “Aujourd'hui, en ces temps de retour au militarisme au Japon comme ailleurs, l'âme de ces poètes peut nous guider”.

Édition du soir.
Chacun prend son journal.
Pour chacun le Japon a raison. Issekiro KURIBAYASHI

La guerre
Était bien là debout
Au bout du couloir. Hakusen WATANABE

Mort à la guerre,
Il est là, et il a toujours
Ses trente-deux dents. Kiyoko FUJIKI

Pour avoir composé de tels haïkus, qui s'opposaient à l'”Ordre nouveau”, entre 1940 et 1943, 44 poètes de haïku furent arrêtés et 13 purgèrent des peines de prison ferme. Plusieurs sont décédés après leur libération du fait des tortures qu'ils subirent en rétention. Ce livre nous présente ces poètes, principalement 18 d'entre eux pour lesquels il donne une notice biographique et quatre haïkus représentatifs – parmi les auteurs, une seule femme, Kiyoko FUJIKI, semble avoir échappé aux rafles.
Mabesoone rappelle que, pour lui, ce projet éditorial remonte à l'accident nucléaire de Fukushima en 2011. À l'époque, il composa des haïkus sur la catastrophe et écrivit des articles critiques sur le nucléaire dans la presse. Alors il essuya des critiques telle que : “L'art du haïku doit se limiter à une description objective de la Nature, des fleurs et des oiseaux”, ou encore : “Cessez donc de composer de tels haïkus alors que vous n'êtes pas sur place à Fukushima !” Aussi il remarqua qu'on lui envoyait moins de demandes d'articles. “J'ai ressenti une pression qui enjoignait les poètes de haïku à ne pas s'exprimer sur des sujets de société”, dit-il.
Pourtant, en tant que spécialiste d'Issa [1763-1828], poète de l'époque d'Edo, il savait qu'on composait, il y a longtemps déjà, des haïkus critiques envers le pouvoir. Alors il entreprit de rechercher à partir de quel moment la doctrine du kachōfūei (haïkus sur les fleurs et les oiseaux) commença à monopoliser la scène du haïku. Il arriva à la conclusion que cet état de fait remontait aux “incidents de la répression du haïku” avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Certes la répression fut exécutée par le gouvernement de l'époque, mais Mabesoone considère comme essentiel le rôle de Kyoshi TAKAHAMA (1894-1959) qui, se trouvant au sommet de l'organisation nationale du haïku, a pu imposer de la sorte sa doctrine du kachōfūei.
Mabesoone prépare actuellement un projet d'érection de monument à la mémoire des poètes persécutés. Le village du poète Issekiro KURIBAYASHI, lieu-dit d'Aoki-mura dans le département de Nagano, serait le lieu envisagé. Mabesoone ajoute : “Je considère déjà ce livre comme une stèle de papier en leur mémoire”.
Le livre est publié dans une édition bilingue franco-japonaise aux Éditions Pippa de Paris. Aussi, pour son auteur : “Le mouvement de la Résistance étant particulièrement important pour le peuple Français, en ces temps difficiles d'actes terroristes répétés, la découverte des poètes résistants pacifistes japonais peut sans doute donner du courage aussi aux Français”.
Les illustrations sont des estampes du graveur Mitsuru IKEDA (73 ans, habitant Shinano-machi), qui est aussi poète, ami de Mabesoone. En se basant sur des photographies anciennes, Ikeda a gravé un portrait pour chaque haïjin, exception faite de quelques auteurs dont on ne garde aucune trace iconographique - dans ce cas il a représenté des silhouettes ou des objets tels que des menottes ou des cordes... Pour Ikeda : “J'ai voulu apaiser le sentiment d'injustice que je ressentais en pensant aux poètes persécutés”.


( Au Japon, le recueil est disponible pour 2000 yens aux librairies Heiando de Nagano ou par correspondance par virement postal, compte 00560 1 75876 “San getsu an”. Contact : mabesoon@avis.ne.jp )


by showahaiku | 2017-02-17 18:22